La junte birmane libère des milliers de prisonniers, dont quatre étrangers
La junte militaire du Myanmar a annoncé aujourd’hui que près de 6 000 prisonniers avaient été libérés. Parmi eux figurent l’ex-diplomate britannique Vicky Bowman, le journaliste japonais Toru Kubota et Sean Turnell, un conseiller australien du gouvernement renversé d’Aung San Suu Kyi. Le quatrième étranger est un Birman qui détient un passeport américain. L’amnistie serait accordée à l’occasion de la fête nationale du Myanmar.
« Au total, 5 774 prisonniers ont été libérés, dont environ 600 femmes », a déclaré le porte-parole de la junte. Il a déjà été signalé que 700 personnes avaient été libérées.
Vicky Bowman, diplomate entre 2002 et 2006, et son mari Htein Lin, l’un des artistes les plus connus du Myanmar, ont été reconnus coupables d’avoir enfreint la loi sur l’immigration en septembre et condamnés chacun à un an de prison. Lin était auparavant en prison de 1998 à 2004 pour des manifestations politiques.
L’artiste birman Htein Lin. ©AFP
Le documentariste et journaliste japonais Toru Kubota a été condamné à sept ans de prison par un tribunal militaire le mois dernier pour incitation à la haine et violation de la loi sur les télécommunications. En juillet, Kubota a notamment filmé des manifestations contre la junte militaire dans la plus grande ville du pays, Rangoon.
Des militants brandissent une affiche du réalisateur de documentaires Toru Kubota à Tokyo. ©AFP
Fin septembre, Turnell a été condamné à trois ans de prison avec Aung San Suu Kyi et trois autres personnes pour avoir enfreint la loi sur les secrets d’État. La militante des droits humains Aung San Suu Kyi a remporté les élections de 2020 au Myanmar, mais a été arrêtée lors du coup d’État militaire de 2021. Fin octobre, elle a été condamnée à six ans de prison supplémentaires pour corruption.
Sean Turnell, économiste australien et ancien conseiller de l’ancienne première ministre Aung San Suu Kyi. © AP
La junte militaire a pris le pouvoir le 1er février 2021 après des élections démocratiques que les militaires ont refusé de reconnaître. Le pays de près de 56 millions d’habitants était autrefois connu sous le nom de Birmanie. Il a obtenu son indépendance en 1948 mais est gouverné ou dominé par des officiers supérieurs depuis un coup d’État militaire en 1962. Le pays était relativement démocratique en 2011-2021, en partie grâce aux actions d’Aung San Suu Kyi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 pour son travail sur les droits de l’homme et la démocratisation du pays.
Cependant, Aung San Suu Kyi a été discréditée en 2017 dans le cadre d’une répression militaire contre la minorité rohingya du pays. Des centaines de milliers de musulmans rohingyas ont depuis fui le Myanmar, majoritairement bouddhiste, et Suu Kyi a été accusée par des groupes de défense des droits humains de complicité dans l’oppression des Rohingyas.
Aung San Suu Kyi en 2019. © AFP
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